Nous voilà dans ce hall de gare, 48 heures après t’y avoir retrouvé. B vient de nous laisser, nous nous étions dit un peu plus tôt, encore le feu crépitait, que ç’avait été un beau week-end. B était heureux d’avoir créer de nouveaux souvenirs d’Azay avec nous ; je n’avais pas parlé des miens, seulement avais-je dit plutôt que j’étais déjà venu et que j’avais oublié. Peut-être que mes bords de Loire avaient disparu, étouffés, sous l’ennui d’un petit hôtel sans désir où bien sûr il avait voulu regarder la télévision ; les draps étaient jaunes.
Nous voilà dans ce hall de gare et par habitude je me dirige tout de suite vers le quai après t’avoir salué rapidement. Je ne sais pas pourquoi je ne reste pas un peu, pourquoi je ne te dis pas combien j’ai été d’heureux de ce moment avec vous, combien j’ai été heureux que nous soyons là, toi et moi, partageant ainsi l’histoire et la lumière qui frappe les lourdes tentures, mais combien je regrette que l’on n’ait pas trouvé un moment propice, nous deux, oui toi et moi, pour parler un peu de ce qu’on ne dit pas, des autres et de soi. Je ne sais pas pourquoi je ne me suis pas retourné pour un salut dessiné avec quelques doigts en mouvement, la valise dans l’autre main ; comment m’as-tu regardé m’éloigner ainsi ?