Depuis le 29 juin 2018, tu as été des paragraphes entiers de ce journal ou de ce qui ne s’y dit pas, des rires étouffés, des musiques dansées, des yeux dévorés et dévorants, des couloirs passionnés, des ruines photographiées, des définitions pour savoir ce qu’est “être ensemble”, des moments pour savoir si l’on peut dire ”Je t’aime”, une étincelle qui m’a éteint, des larmes et des baisers encore, des danses, des confidences et des alcools, des mois pétris de silences tristes ou de fatalisme, un retour d’automne. Tu es encore là. Tu es une initiale qui te commence et qui me termine, mais je ne sais pas exactement à quelle place de mon nom tu pourrais te loger. Tu es toutes ces fois où tu me téléphones, parfois d’une petite voix, parfois d’un éclat brillant ; souvent je loupe l’appel, nous en avons tant ri. Tu es encore là. Nous avons, en ce dimanche, rien qu’à nous, quelques heures ; hier tu aurais dû danser. Nous marchons le long de la Garonne. Nous parlons. Tu me racontes ce que je sais déjà, ou peut-être, ce que j’ai pu oublier, ce que tu n’as pas dit, ces gens par exemple. Nous rions parfois bien sûr. Tu portes des bottines, un pantalon crème, une chemise à motifs, tu es beau, beau aussi de ta joie d’être là dans cette ville qui te manque et là-bas nous nous asseyons, il est est encore tôt mais tu choisis un Saint-Emilion, moi une bière, j’ai soif. Je crois que notre histoire est belle dans son possible et pourtant elle ne cesse de crier son impossible. Je crois que nous n’osons pas être sérieux quand nous rions de demain. Je crois que je ne devrais pas parler que de tes yeux puisque nous sommes amis. Pourtant je mets mon bras. Alors tu prends ma main.