Mercredi 9 janvier 2013 – Venise

Cette deuxième journée commence par un changement de programme, puisque l’Accademia est fermée ce matin pour cause de réunion syndicale.

On choisit donc d’aller à la Ca’doro, après un passage à la Salute, et en particulier le plafond de sa sacristie qui offre aux regards trois toiles de Titien contre un torticolis.


Un coup de vaporetto, le Rialto, les yeux rivés sur les couleurs des palais, les lignes de leurs ouvertures et la Ca’doro… s’avère fermée cette même matinée pour les mêmes raisons. On n’en admire que la façade qui donne sur le grand canal et on prend le chemin du quartier juif, d’une délicieuse tranquillité.

Deux églises (Ste Alvise, Madonna dell’Orto), un café… et le bateau nous emmène… au cimetière.

Dans le cloître je m’incline devant la règle de ne pas faire de photographies… par respect disent-ils. Mais j’applique un peu ensuite ma définition du mot. Les fleurs de plastique accrochées à ces murs de stèles, décolorées par les années, pourraient apparaître sur ma série photographique (vaguement entamée) des Oubliés… Quoi d’autres ? Quelques caveaux monumentaux, certains tristement effondrés, des “quartiers” recouverts d’herbe, la tombe de Stravinski… que dire…

De retour à Venise, nous descendons à Sant’Elena. Un petit resto qui doit probablement accueillir plutôt les travailleurs et les habitants du quartier, un plat de pasta al salmone comme à la maison, avec une mamie en cuisine… et nous pouvons reprendre le vaporetto pour aller au Ca’doro.

Un Saint Sébastien de Mantegna, des bronzes du 15ème, des toiles de Carpaccio et tant d’autres beautés avant d’aller du côté de la Fenice pour un concert gratuit des Tableaux d’une exposition de Moussorgski.

Un escalier, un couloir, je te suis, une voix, un peu de confusion probablement, on nous fait entrer sans rien nous demander, et nous voici dans la loge qui fait face à la scène de l’opéra. Quelques personnes sont là, ils ont probablement payé pour une visite guidée, eux… Sur scène une répétition, un Verdi avec décor qu’on qualifiera de moderne, tranchant avec les éclaboussantes dorures de la salle. Quelques minutes à observer ce moment dans ce lieu magique et clinquant et nous retrouvons l’autre salle, celle pour le concert. un autre style, des dorures tout de même. Au fond, sur cette banquette blanche, on écoute la petite conférence qui précède la musique (“Il cognac fue la sua unica consolazione”). Cent-cinquante personnes devant moi pour enfin écouter Moussorgski ; j’aperçois de temps en temps les épaules rouges de la pianiste qui bissera avec Chopin.

Sur le chemin du retour, on profite encore du calme, rompu avec entrain par deux amusantes petites filles. Elles crient qu’il faut se dépêcher, qu’il va pleuvoir, un rire m’échappe.  Leurs petites silhouettes (manteau, bonnet) glissent devant une façade encore jaune dans la pénombre.

Une pause à l’hôtel, accompagnés par une bouteille de prosecco. Il est 19h30, des cloches à proximité, les chips du mini-bar à deux euros…

Où dîner ? Tu me dis qu’en été, San Polo est noire de monde. Mais ce soir, qu’y voit-on ? Un chalet encore habité par deux vendeurs de sucreries, une patinoire vide sur laquelle sont braqués des projecteurs et, heureusement, une pizzeria. Repus, on repart sans trop faire confiance au hasard.

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