Avril 2012

Samedi 28, dimanche 29, lundi 30

On part, ailleurs, pas si loin, quelques jours, à quelques heures de train. On y trouve la pluie, le lendemain encore du gris, le jour suivant c’est un peu mieux. On y trouve la cheminée, avril ne te découvre pas…

Vendredi 27

Respiration abrupte, geste abruptes, plaqués contre un mur, elle puis il reproduisent des mouvements connus, vaguement, brièvement ; rapidement on passe à autre chose, quoi je ne sais pas, violence, désir, appétit (des corps), je ne sais pas, ceci n’est pas une pomme, puisque c’est cubique et soudain je repense à La Nuit des temps, de Barjavel. À ma droite, quatre sièges plus loin, un fou rire : chacun s’échappe comme il peut.

Et sinon ? Carlottikuptible, Etapes (et me voilà qui rêve d’être lettreur), T.A.C.T, etc.

Jeudi 26

Cette nuit j’ai quitté le lit, je me suis posé sur une chaise et je vous ai regardé dans l’obscurité, jusqu’à ce que le jour se lève. Savez-vous que vous grincez des dents ? Parfois j’avais l’impression que vous vous débattiez contre je ne sais quel ennemi, cher guerrier de la nuit. Vous livrez bataille quand vous dormez, le savez-vous ? Il y a eu des trèves, j’ai cru voir un sourire, je remettais les draps en place chaque fois que vous les jetiez au pied du lit.

Bohème, Olivier Steiner.

Trois quarts du livre passés, le dialogue continue de glisser, le flots des mots s’écoule doucement, joliment, tendrement, amoureusement, follement… Le marque-page ? Encore un coup de l’expo Ça & Là

Mais de La Habanera de Douglas Sirk on ne dira rien (si ce n’est que c’est vieux, bien vieux).

Mercredi 25

Et sinon ? Quelques films de Rohmer. Trois. Courts. Bavards. Bof.

Mardi 24

C’est bientôt la saison des fraises des bois. Oui, c’est vrai, le titre était frais, l’affiche était rose, le producteur à suivre… le lieu de projection… comment dire ? à fuir. Bingo ! Le film était à l’image du lieu de projection, triste, étouffant, pénible, alors au bout de 70 minutes, on ne supporta pas l’idée d’en prendre encore pour 50. Fuyons.

Et alors ? Alors un autre film, sans le début cette fois, puisque commencé la veille, un vieux, vieux film – tu m’étonnes, Douglas Sirk ne s’appelait pas encore Douglas Sirk – au titre pas frais : Paramatta, bagne de femmes. L’affiche était de quelle couleur à l’époque ?

Lundi 23

Dimanche 22

C’est ça la France ? Suicidez-vous, le peuple est mort, disait l’autre… Ne vous suicidez pas, réveillez-vous, 18% du peuple est mort, mort de trouille, de bêtise, de haine, de cauchemars, quoi, pourquoi, c’est comme ça qu’on les a élevés, ces 18 %, c’est comme ça ? Qu’est-ce qu’on leur a dit pour en arriver là ? Qu’est-ce qu’on leur a fait croire ? Qu’est-ce qu’ils ont bouffé ? C’est ça la France ? C’est pas ça ma France. Ma France elle sent le kebab, la charcuterie et les nems, et c’est plutôt pas mal je trouve…

Bref…

A demain…

Samedi 21

K&S, L et nous…

Et sinon ? Sinon cinéma, ciné captif, ciné capture, ciné capital, ciné Bonitzer… Agathe Bonitzer… A moi seule.

Vendredi 20

Et sinon ? Sinon cinéma, ciné ski, ciné simple, ciné Seydoux… L’Enfant d’en haut. Une toile des neiges quoi…

Jeudi 19

Palais de Tokyo. Triennale.

Pas trop longtemps ; nous reviendrons.

Mercredi 18

J’ai vu des poissons dans le métro. Ce n’était pas un rêve, pas un vrai rêve, un de ceux qu’on fait la nuit. C’était un rêve hypothèse, un rêve espoir, un rêve idée, idéaliste, dans lequel les couloirs du métro seraient recouverts d’œuvres d’art, de photographies, d’installations, de dessins ; les correspondances seraient des moments légers, beaux, graves, simples, formidables, colorés, instables, fascinants, flous, nets, gris, sobres, simples, efficaces.
Ariane Michel a investi un couloir, station Concorde, celui entre la ligne 1 et les lignes 8 et 12, ce couloir qui mène (mais ce n’est pas indiqué) à la sortie devant le Crillon. J’aurais pu mettre ici d’autres photos, mais j’ai mis le poisson. Je vous ai montré le poisson que j’ai vu dans le métro. Vous n’avez pas rêvé.

Et sinon ?
Kayak, moiteur, conférence, anisette.

Mardi 17

Continuer ?

Lundi 16

Continuer ?

Dimanche 15

José ne viendra pas, la journée se poursuit, ici, sans quitter les murs, pas même un pas par la fenêtre. José ne viendra pas malgré les gâteaux, moelleux, doux, à l’orange ; il me rappelle le cake au citron d’autrefois. Le soir, dans l’étonnant donc merveilleux L’Arbre, le maire et la médiathèque, Arielle Dombasle s’exclame « Elles sont extraordinaires ! ». Elle est face à des vaches. Décidément, je ne me suis toujours pas trouvé de point commun avec elle.

Dix ans de journal. Continuer ?

Samedi 14

Installation José Levy au Bon Marché...Bizarre, le type. Il entre brusquement dans la galerie, lunettes de soleil sur le nez, fige son corps devant les images et bouge la tête dans plusieurs directions. Il se tourne vers moi : « C’est que je fais des effets de lumières avec mes lunettes. Ne vous inquiétez pas. Je suis artiste, c’est pour ça… Vous voulez voir ? j’ai apporté des photos…« . Je lui réponds timidement que… non non… que… je ne m’inquiète pas… Au sous-sol il fait le même sketch à deux visiteuses, « ah oui, les paysages je préfère, c’est plus le style de photos que je fais… vous voulez les voir ? j’en ai apporté… »
Mais moi, justement, les paysages, je ne les aime pas du tout. Le reste me parle plus, pas tout, l’usine abandonnée, et surtout les visages, là, derrière les vitres. Cela me rappelle des essais faits dans la Fiat, pourquoi n’avais-je pas insisté ? Bref, une discussion, une demande, me voilà obligé de signer le livre d’or… Vous auriez écrit quoi, vous ?

Ensuite ? Un éclair, le lumineux travail de José Levy au Bon Marché, une boutique pantalon-veste, la librairie des Alpes pour l’expo Ça&Là, un joli film japonais (I Wish) et Laurent qui nous attend…



Vendredi 13

Rien. Rien ? Non, rien, des tas, c’est tout.

Jeudi 12

(entre)ouverture…





Mercredi 11

C’était un film après lequel on avait couru, en vain, avec K : séance manquée. C’était un film qu’on avait donc vu ailleurs, le même jour en fin d’après-midi ; j’avais un peu dormi. Juste un peu dormi : le film m’avait vraiment marqué ce 3 novembre 2007, puisque 4 ans et demi plus tard je m’en souvenais assez bien : les couleurs jaunes, les immeubles éventrés, cette femme russe qui met le pied dans la guerre et qui tend la main, une main moite sous la chaleur tchétchène. Simple et beau.

Mardi 10

Je vous regarde. Vous regardez l’endroit. La chaleur. Les eaux plates du fleuve. L’été. Et puis vous regardez au-delà. Les mains jointes sous le menton, très blanches, très belles, vous regardez sans voir. Sans bouger du tout, vous me demandez ce qu’il y a. Je dis comme d’habitude. Qu’il n’y a rien. Que je vous regarde.

Emily L. ; Marguerite Duras.

J’entame le livre à peine monté dans le TGV. La femme à ma droite, côté couloir, porte à sa bouche, à un rythme régulier, des M&M’s. Elle fait tout pour que cela ne fasse pas de bruit, le moins possible en tout cas. Le chocolat fond, la cacahuète est délicatement écrasée entre les molaires. De toute façon il y a cet enfant, là, nul silence.
J’entame le livre dans l’attente de quelque chose de beau, mais qu’y trouverai-je ? Quelques jours plus tard, dernier quart, las, hélas, voilà que je soupire.

Plus tard, Ricard… Fondation Ricard. Sur les murs, des impressions noir-et-blanc de ce qui sera, à l’issue de l’exposition Ça et là, le catalogue : les idées, les lieux, les noms, les promesses, tandis qu’à l’heure de dîner, ce seront les visages qui s’aligneront… sous la Madeleine. Sous la Madeleine ? Oui oui, sous la Madeleine.

Lundi 9

Une éclaircie ?


Dimanche 8

Une promenade, un temps joliment nuageux, le cimetière encore, où je cherche les signes, l’oubli, les marques, les couleurs éclatantes sur le ciment ou le marbre, les céramiques ébréchées, les messages détachés, les lettres disparues, quoi qu’on fasse, on a beau revenir, le temps, le vent, le soleil, la pluie, bref l’usure…

La famille, complète, un dimanche de Pâques, et le soleil est là pour marquer cette journée, et pour poser, poser devant le lilas, photo de famille, c’est si rare. C’est si rare la photo de famille, on en a perdu l’habitude. C’est si rare d’être tous ensemble, on a perdu le hasard des calendriers, les incontournables Noël, de toute façon à Noël il fait trop froid, on n’irait pas devant le lilas, poser ainsi, en bras de chemise, sourire aux lèvres, rires aussi, pensez-vous, il fallait bien que je fasse le mariole. De l’autre côté de ce que l’on appelle le canton, l’autre côté de la famille ; complet lui aussi. Et ?

Samedi 7

Deux films de Mati Diop à l’heure où d’autres déjeunent, à la demi-heure décalée, alors un peu de précipitation imprévue et puis les doigts d’un guitariste qui semblent ne pas toucher le manche sur cet air de Dylan, son sourire communicatif, les hésitations devant la presse et finalement un quotidien national avec supplément du week-end, qui m’accompagne sur un bout du chemin vers la Saintonge, c’était samedi. Déjà.

Vendredi 6

Vin blanc, jambon, musique légère, lumières colorées, à travers la vitre la Place des Vosges est verte. Des pâtes au Bûcheron, deux verres aux Souffleurs, les publics se succèdent, plus ou moins sages, dandys, moustachus, le sac en option. Au sous-sol du bar je bouge un peu, quelques mouvements vagues, discrets et plus tard je m’endormirai à peine après quelques portraits sortis d’un livre presque trop lourd.

Jeudi 5

Barbara Carlotti chante. « J’ai froid », dit-elle. Moi aussi j’ai froid. Pas assez couvert, optimiste météorologique, imprécisions des prévisions. Mais précision des mots, des notes, des arrangements, le disque m’accompagne depuis plusieurs jours, parfois maltraité par le son rugueux des moyens de transports, mais à l’écoute je flotte, je flotte comme les taches de couleurs sur le ciel de nuit, quelques clichés récupérés dans des enveloppes de tous les formats glissées dans un trop grand sac plastique par l’employée du laboratoire photographique, souriante rousse au décolleté discret mais inévitable : la robe était noire, la peau laiteuse.

Mercredi 4

8h passées. Elle me fait penser à Jessye Norman, avec une paire de RayBan ; elle dort un peu, surveille les stations qui défilent. Elle a posé la sac en carton bordeaux sur le rebord, lettres dorés, luxe froissé.

20h passées. Il y a du monde dans le bar et presque personne sur les plages. Solitudes de bords d’eaux, immensités carrées accrochées sur des murs rouges, belles images de Mathieu Oui, tandis que sur le zinc on attrape quelque chose, on grignote, on papote, mais seuls les murs ont goût de sable.

Mardi 3

Pantalon bleu, sac orange, elle est assise sur une banquette de RER déjà décrite ici, une banquette parfaitement assortie. Une veste noire et des chaussures dorées ajourées viennent compléter ma vision. Le cadrage aurait été au niveau des bras, serré, insistant sur les couleurs, évitant la vitre et surtout ce qu’elle laissait paraître, mais montrant le livre ; je griffonne ce qu’il aurait été, ce cadrage, si j’avais (pu / voulu / osé / essayé).

Et puis quoi d’autre ? B et P devant le MK2, toi qui me demandes « C’est qui ?« , peut-être dans ma réponse glissé-je l’adjectif « sporadique », un adjectif efficace que j’utilise peut-être un peu trop souvent. Et puis évidemment le superbe film Jaurès de Vincent Dieutre et puis le dîner asiatique avec A et N mais il faudrait plutôt que je reste sur le film, que j’en parle, mais finalement non : il est déjà bien tard.

Lundi 2 avril

Bye Bye Blondie (Béatrice Dalle, ah oui !)
– Resto italien (mmmm donc bien meilleur que son nom pourrait l’augurer, mais je n’ai pas retenu son nom c’est toi qui a dit le lendemain qu’il avait un nom un de pizzéria).

Dimanche 1er avril

– José L. au café N.
Vos chefs d’œuvre (mmm)
– Jean-Philippe Toussaint au Louvre (pfff)
La Sainte Anne de Léonard de Vinci (ooooh)
– Barbara C.
– Mort A V.

Mort aux vaches ? Mais non, Mort à Venise, andouille.