Samedi 13 septembre 2014

Sous-sol du grand magasin. Le lieu n’est ni attachant, ni lumineux, ni agréable, mais dans la vitrine les pizzas en résine m’ont attiré. Tu m’as déposé pour aller à un déjeuner sans pizza ni  sous-sol ; sur le scooter comme à chaque fois on ne se lassait pas de regarder la nature (shizen) mais ici les fleurs sont fausses. Peut-être comme la poitrine exubérante de cette jeune femme venue acheter un petit quelque chose au stand d’en face, poitrine fixée par le vendeur aussi longtemps qu’il a fallu, à elle, pour choisir, regardant la vitrine à travers d’immenses lunettes de soleil, la main gauche caressant sa longue chevelure faux blond vénitien. Mais voici qu’elle s’en va, il peut alors détailler la seule chose à n’être ni immense ni longue : la robe aux motifs de papillons, robe courte, courte comme ce moment fugace, les papillons déjà envolés vers la sortie. Le voici alors qui s’ennuie à nouveau, soupire parfois discrètement, mâchouille quelque chose (un chewing-gum ou sa langue ?) pour passer le temps tandis qu’en fond sonore je subis une espèce de sous-Beatles nasillard coin-coin. Mais voici une autre cliente qui caresse sa longue chevelure, brune cette fois, hésitant puis repartant dans ses habits trop sages sans avoir rien acheté ni avoir offert le moindre moment de rêverie érotique à ce pauvre garçon qui s’ennuie donc à nouveau mais puisque un sexagénaire gourmand arrive (en même temps que ma pizza) finalement le travail reprend.