Petit café au fond d’une allée sur Kuramaguchi. En entrant, odeur de cigarette, regard surpris de la femme derrière le comptoir ; je commande un café, et mes quelques mots japonais la surprenne encore plus, semble-t-il. Le lieu est exactement ce que je recherche – une recherche qu’il me faudrait plus régulière ; attends-je vraiment l’hiver pour m’y réfugier ? – désuet et tenu par une dame d’un certain âge. Elle a les cheveux noirs, teints, un rouge à lèvres vif et une bonhommie rassurante. Le lieu mériterait à lui seul une description longue et précise à défaut de cette photographie que je n’ai pas faite : le lino imitation liège, l’immense photo d’Afrique, jaunie probablement par les années et le tabac, les éléments de décoration des années 70 peut-être, les fleurs en plastique, le couvercle du sucrier jaune vif, les statuettes africaines dont une immense, au bout du bar, et puis ce jeu de mah-jong électrique dont il aurait fallu que je m’approche, mais surtout, donc, cette photographie d’Afrique qui me fascine. J’y resterais facilement des heures, malgré le tabac que ce vieil homme fume sans presque rien dire, à peine quelques réponses au phrasé amusé de la patronne, et, certain que je reviendrai bientôt je savoure ce café et ces premières minutes de résidence “officielle”, ma carte aux couleurs vertes dans ce portefeuille bleu un peu trop grand.
(Le soir, parler de Berlin où il fait trop froid avec une coréenne de passage)