Le texte, qui est le journal de la quête photographique, ne se soumet pas aux images et les contredit à peine. Ce n’est qu’un morne jeu de réflexions qui confronte des photos à un texte banal, et pourtant l’alliage des deux fiascos est fascinant, haletant, que se passe-t-il donc ?
Hervé Guibert ; Suite vénitienne
in La Photographie inéluctablement.
Parc des Buttes-Chaumont, un banc. La journée décline. Je lis l’épais ouvrage de Guibert, toujours en quête de réponses, d’outils pour les projets, de citations, de nourriture. Quelques traits au crayon dans la marge, ici ou là. Le bonheur s’était peu de temps avant glissé au croisement des rues de Belleville et des Pyrénées, en apercevant la Tour Eiffel sous le ciel bleu, certes un peu grisé à l’horizon. Ici, paisiblement, la lecture est joliment froissée par des langues de tous les continents, des enfants au rire fou, la respiration des coureurs.
Le temps m’appartient. Je le laisse doucement filer mais je cherche à le dompter, à y emboîter les taches diverses à réaliser mais elles débordent de leur case et cette candidature n’est donc toujours pas envoyée. La distance qui me sépare des ailleurs inconnus semble aussi prendre un autre aspect avec l’organisation du voyage tout là-bas : je foule la terre de Lima, je regarde les montagnes qui bordent Santiago, je caresse les couleurs de Valparaiso, je plonge dans l’océan qui embrasse Arica, je m’épuise dans le désert d’Atacama…