Alors mon regard se porte sur la date : 25 août 2016. Un an. Le séjour sur la côte de la mer du Japon se terminait et j’avais accumulé des photographies prises presque à chaque arrêt du train — et il y en a eu tellement ! —, photographies que j’avais enfin décidé de sélectionner ce vendredi soir puisque la fête chilienne avait été annulée.
Les images sont des quais de gare, des espaces vides, des feuillages, des toits, parfois un voyageur, des inconnus ; bien sûr nous n’y sommes pas, sauf dans un reflet. J’avais, nous avions beaucoup regardé les gens monter et descendre, aller et venir entre leur maison et leur entreprise, entre leur quartier et leur collège, entre deux habitudes, parfois ils voyageaient eux aussi, rarement ils venaient d’ailleurs. Via ce petit écran, il est possible que je ne cherchais qu’à regarder les lieux, c’est l’explication que j’ai aujourd’hui mais je ne sais plus vraiment pourquoi j’ai tant de vues sans toute cette population locale, sans tous ces gens qui, parfois, me voyaient à travers la vitre et qu’on retrouve ici fixant l’appareil et dorénavant le spectateur.
Cette coïncidence du calendrier me trouble. Je la regarde comme je regarde toutes ces photographies où je regardais le béton, les buissons, l’horizon. Les couleurs, que j’avais décidé de saturer pour éviter la froide fadeur par défaut du Huawei, offraient le souvenir suranné des cartes postales de mon enfance, dont les trains de bord de mer sont pourtant absents.