Alors il me dit qu’il va dîner avec ses cousins, et que ça l’inquiète : « Trop de questions. Trop d’énervement. » Trois heures plus tard il m’envoie une photo ; il est le deuxième à partir de la droite de l’image ; ils sourient tous les quatre. Celui à sa droite porte un tee-shirt sans manches, et ce détail vestimentaire me fait penser à un film de kung-fu, je n’ai pas peur des clichés même si je n’ai jamais vraiment regardé de film de kung-fu. Il leur a menti, il leur a dit qu’il avait une copine à Hong-Kong, qu’elle va partir aux USA. Les phrases (‘J’ai une copine Hong-Kong’) ont une grammaire approximative qui leur offre presque une touche poétique. Mais la poésie s’arrête vite : il écrit qu’il est triste. Puis « La Chine » suivi du petit drapeau rouge. Et « C’est le cauchemar« . J’imagine l’absence du sourire. J’imagine, de ce qu’il m’a raconté sur le risque de réveiller ses parents, que la maison familiale est toute petite, là-bas au bord de la mer. Pourtant il ne sait pas nager.