Rue piétonne. Des odeurs d’une pâte à gâteau qui emballera des brochettes au fromage ou à la charcuterie. La voix d’une femme de rue qui chante joliment Gracias a la vida à quelques mètres de moi en cette veille du centenaire de la naissance de Violetta Parra. Je suis allé au cimetière, c’était étrangement coloré, rose, vert, etc. et les fleurs de plastique blanchies au soleil en devenait encore plus fantomatique. C’était aussi, par endroits, pauvrement constitué, des tombes sans rien d’autre qu’un monticule de terre entouré d’une petite barrière rongée par le temps – mais pas par la pluie, vous ai-je dit qu’il ne pleut jamais ici ?
Rue piétonne. C’est l’heure où la ville change de rythme. C’est l’heure où je change le mien, m’assieds, et regarde la ville et ses habitants. Comme à Santiago ou Valparaiso, le vêtement globalisé court les rues. Parfois, pourtant, une femme porte des vêtements d’un autre temps, d’un autre endroit, vous savez vous les avez vues dans Tintin. Parfois, soudain, un jeune homme tatoué, gominé, chaussures vernies, porte un pull à capuche, local. Un autre un bonnet que chez nous on dit péruvien. Ici aussi, peut-être, je demanderai, ça peut être utile de savoir, ça remplit les lignes d’un journal ce genre de détail pas si anodin que ça. Mais bon, bref, il y a ces collégiens en costume et cravate, cette jeunesse en baggy et casquette, et plus haut dans la rue deux magasins de chaussures Bata. Un femme qui tire une glacière sur roulettes pour vendre des trucs colombiens, les musiciens boliviens qui partent s’installer pour jouer Chiquitita d’Abba à la flûte de pan, et tout un tas de chariot qui vont, viennent, ou stationnent pour vendre à manger et à boire. Et puis il y a les glaces. Dans la ville de l’éternel printemps, on mange des glaces partout. Mais on ne nettoie pas les capteurs d’appareil photo.