L’image sans l’homme. Tel est l’intitulé de ce séminaire organisé par Le Bal, à l’EHESS, auquel j’avais déjà assisté en 2013 sur le thème “L’image manquante”. Il répond, sur le papier, à ce regard que je porte, souvent, sur les villes et les espaces, vides, telles ces façades japonaises, plus récemment ces paysages, là-bas encore ces aires de jeux d’enfants, ces nuits pleines d’ombres, sauf lorsque soudain, découvrant un nouveau territoire comme le Japon, je me mets à le regarder, lui, l’Homme, avec une majuscule et sans entrer dans les débats justifiés de l’écriture inclusive, car je ne peux nier ce qui fait lien entre langage et soi, après avoir avalé des mois de japonais et des heures de langues étrangères.
Durant deux jours donc on questionnera l’image sans l’Homme, sans l’humain pour être sûr du sens que l’on veut donner, humain disparu, soufflé, anéanti, dépassé, animalisé, minéralisé, déshumanisé, écervelé, vaporisé, caché, que sais-je encore, trace de guerre ou de lui-même, femme-dessin sur la paroi d’une grotte, nuage aux abords un champ de ruine, silhouette dans l’étendue pixelisée de l’histoire des jeux vidéos, artiste dans un ours empaillé ou regard sur les contours incertains d’une ville en devenir. Le séminaire offre aux intervenants la liberté de leur définition, la liberté de leur champ de recherche et de leurs interminables clins d’œil. Alors, moi, chanceux au milieu de peut-être 250 écoutants, homme parmi l’Homme, je prends durant deux jours ce qu’il y a, pour moi, à prendre. Peut-être simplement le plaisir d’être là.