Dimanche 29 octobre 2017

Tu me parles des images du nord, là où la ville tombe comme une falaise et ne devient rien, même pas le mouvement des vagues ; à peine un automobiliste audacieux et soudain poussiéreux troublait-il parfois l’espace vide où le vent ne produit rien. Tu me demandes alors ce qui pourrait intervenir, prendre place, mais je ne te parle pas du garçon aux yeux noirs à qui je n’ai pas donné la place qu’on aurait pu imaginer et qui n’a donc pas pu investir ce désert. Mais soudain c’est une faute de frappe qui se glisse et je vois le mot désir dans le mot désert.

Je ne parle pas non plus de cet autre qui a surgi comme apparaissent quelques démons qui vous mordent et repartent. Me voy a chuparte como un vampiro, disait justement cette chanson idiote entendue dans un taxi et sur laquelle on a ri ; mon Chili c’est aussi un peu cela, un recueil de chansons, parfois idiotes.

En quittant Tacna j’avais justement vu ce que l’homme cherchait à combler dans le désert, avec son désir d’envahir le monde. J’avais vu ce même jour, sans le comprendre vraiment, dans le sourire du garçon aux yeux noirs, l’idée du désir dépassé, l’idée d’une promesse en nouant le bracelet noir et rouge. Alors comment aujourd’hui remplir le rien des images ? Quelques parpaings, rugueux, froids, ne suffiront pas. Le cheval albinos non plus. Il manque, je le regrette, un portrait.