Ils se succèdent. Ils me parlent de ce lieu, où l’on se trouve, de la chance de pouvoir s’y doucher et d’y laver leurs vêtements, de la gentillesse, du calme, de la chaleur du café et des gens. Le premier insiste sur les remerciements aux bénévoles. Le deuxième dit que les gens devraient être heureux d’être en France, qu’ils devraient aller voir comment ça se passe à Gibraltar. Le troisième est fragile, touchant, il est heureux de pouvoir donner un coup de main pour ranger avant la fermeture. Le dernier cherche les mots, pourtant c’était son métier et alors on parle de Barjavel. Tous les quatre sont les témoins des situations variées des sans domicile et des sans abri en France. Tous les quatre sont d’une douceur extrême, d’un optimisme étonnant, d’une bienveillance incroyable. Bien sûr je ne sais pas toujours quoi dire, je laisse des silences et tous les écoutent, comme s’ils connaissaient la valeur des moments suspendus. Et au-delà des paroles, tous les quatre sont, pour moi, les passeurs vers un autre regard sur le monde.