Mercredi 6 décembre 2017

Je chuchote à l’oreille de Niu, essayant de traduire ce qui ce dit. Nous nous sommes placés là-haut, pour ne pas déranger, mais quelques regards, parfois, se déplacent vers nous ; je crois qu’on nous entend, malgré tout. Malheureusement pour lui, Isola, le film de Fabianny Deschamps que l’on vient de voir, est tellement riche que mon esprit galope et parfois abdique à traduire la beauté et la complexité des propos de l’actrice, qui a posé derrière elle cet improbable manteau jaune, et les explications de la réalisatrice, chevelure rousse flamboyante.
Le film est riche, disais-je, riche de langues également, mais la principale étant ce chinois mandarin que Niu parle, je n’ai presque pas eu besoin de susurrer dans le noir lors de la projection. Et puis voilà, voilà qu’on a le souffle coupé, on ne respire plus, tout s’arrête devant les visages fatigués ou heureux, tout s’arrête sauf mes larmes devant cette dernière scène sans parole, cette scène vers laquelle la réalisatrice nous a emmené durant 90 minutes et qui dans mon souvenir est silencieuse, silencieuse et au ralenti comme si mon esprit l’avait transformée sous l’émotion trop vive.