I thought it was a cake, so I put it in the fridge. So today I opened it and I saw it was a cup.
Alors j’ai ri. J’ai écouté ce message, que je retranscris ici sans les hésitations, et j’ai ri aux éclats ; une fille s’est retournée.
Dans la journée, une vidéo expliquait que le rire provient de l’incongruité. Elle est là, cette incongruité. J’imagine son regard en déballant le papier gris (et froid) surmonté d’un petit nœud jaune de la boutique japonaise d’à-côté.
Je n’aime pourtant pas ces messages enregistrés sur Messenger, j’en comprends l’usage, c’est pratique, peut-être plus humain, P en usait à côté de moi pour parler à son boyfriend, il m’en laissait aussi parfois et j’en ai quelques souvenirs précis, cette terrasse surtout alors que j’avais commandé une pizza. Je crois que je ne les aime pas, ces messages, car ils rompent la succession des phrases sur l’écran. Personnellement je n’en fais pas : je tape.
Alors j’ai pleuré. Il y avait eu ces heures, les deux clémentines, le montage à revoir sur le petit écran, l’exposition dense comme une forêt et belle comme un horizon jusqu’à ce qu’on y étouffe ou s’y noie. Il y avait eu quelques amandes, des bulles rosées, ces cadeaux qui correspondaient à mes paroles un peu plus tôt — je n’ai rien à lire, etc. Il y avait eu notre deuxième pays, l’ambiance, le shabu-shabu, les mots en japonais, ce morceau que j’ai failli trempé par inadvertance dans le saké, les paillettes de la lunette des toilettes et puis un trottoir glissant, une dernière phrase et un RER.
La vie est comme le Japon, la vie est un pays qui ne vous laisse pas en paix, un pays de typhons, de volcans, de tremblements de terre et de tsunamis ; soudain c’était tout cela et il pleuvait sur ce parapluie bleu à la baleine martyrisée, acheté là-bas un jour d’été.