J’ai toujours aimé Sophie Calle. J’aime ses détournements, sa manière de parler de ses amours, ce déplacement du regard sur soi, cette manière résiliente de tout voir en artiste, même la mort. J’avais aimé son exposition chez Perrotin, d’une grande sensibilité en l’absence du je. J’aime encore plus Sophie Calle depuis que je l’ai entendue à la radio, récemment : elle était drôle. Avant d’arriver à l’exposition du musée de la chasse et de la nature, j’avais oublié cela : elle est drôle. Et en y arrivant, dans la première salle, pas de quoi rire… jusqu’à cette histoire d’idées pêchées chez le poissonnier… et jusqu’à ce que le gardien blague, compréhensif et solidaire, en m’entendant traduire les textes pour Niu, traduire avec difficulté, car sous l’anodin des mots se révèle une grande poésie, car le texte sur les derniers mots de son père est d’une beauté et d’une tristesse intraduisibles. Aux étages, je rirai bien plus mais Niu assez peu, le traducteur baissant un peu les bras.