On a choisi ce bar à vin, ouvert, accueillant, calme, qui oblige à manger quelque chose faute de licence, alors c’est une assiette de fromages qui se pose entre lui qui a déjà trop dîné et moi qui pensais me contenter de mon repas léger ; au hasard je choisis le vin. Il vient d’ailleurs. Du Brésil. Son visage laisse entrevoir discrètement l’autre moitié de ses origines : le Japon.
Il me demande comment j’ai pu aimer vivre là-bas. Il raconte un peu ce qu’on peut subir quand on va voir sa famille, ses grands-parents, à Hokkaido et que ceux-ci sont ancrés dans un schéma traditionnel qu’on n’imagine que dans les livres. Il me raconte ce que ça change d’être un ハーフ (un “half”, un “moitié” quoi…), par rapport aux autres membres de la famille. Chez lui, il n’est pas japonais. Chez lui, il n’est pas aimé.