Quai de gare, je respire les annonces sonores, je pense à ce qui fait pays ou exil, puisque les moindres détails d’un pays sont tellement en nous qu’on ne peut plus douter qu’on en fait encore partie.
Le vendeur de tickets était désolé qu’il n’y eût plus de place côté fenêtre. Il ne savait pas que cela m’était égal, que la tête de mon voisin se ferait discrète entre un Mont Fuji fantomatique et moi, que de toute façon je me lèverai pour une image souvenir depuis la plateforme.
Il ne savait pas que son articulation et la lenteur bienveillante de ses propos, nous permettant de communiquer sans heurt, m’offraient plus de joie que la vision embrumée d’un symbole enneigé, malgré l’épreuve qu’est cette langue dans sa compréhension et son usage.
Il ne savait pas que tout ce qui m’importait, c’était de prendre le bus 100 jusqu’à Okazaki michi, regarder avec attention les indications pour trouver la maison, découvrir le lieu avant de partir à Shinyodo et Kurodani, regarder les enfants, voir les amis arriver, prendre le vélo, goûter à la ville plongée dans la nuit.
