Jeudi 14 juin 2018

Tramway. Il dit que ça sent mauvais. La suite précise le sens figuré. Elle semble le soutenir mais je n’écoute pas vraiment leur conversation, j’ai l’esprit ailleurs, je regarde surtout la dentition de la femme, les couleurs de son tee-shirt enveloppant son corps gros. Mais la phrase revient, ça sent mauvais, et je n’entends que ça. Comme si mon cerveau m’alertait : c’est peut-être moi qui sens mauvais.
Je mets mes écouteurs, leçon de japonais 64. Jusqu’à ce que je l’entende, elle, elle lui dit qu’elle pense que ça ne va pas durer, entre eux. Elle le sent. Que ça ne durera pas. Qu’il doit régler ses problèmes, en parler à son psy. Que ça l’embêtera, s’il la quitte, mais qu’elle ne lui en voudra pas.

Train. Il écrit. Son écriture est dure à déchiffrer de ma place ; nous sommes pourtant juste voisins de siège. En fait il recopie ce qu’il a écrit auparavant sur d’autres feuilles. Plongé dans mon roman/Romand, je tente de ne pas m’intéresser à lui, mais évidemment il m’intrigue. Il n’a pas d’âge. Peut-être 18, pas moins. L’âge où on écrit encore ?
Je repose le livre, prends mon téléphone, me dis que je devrais dormir un peu. Je déchiffre la signature puisqu’il est arrivé à la fin : Un homme heureux. Puis ce qui précède : je t’aime plus que tout.