Jeudi 21 juin 2018

Je traverse le bout de la rue Sainte Catherine. Foule. Passants. Attablés. Bruit de fond. Je me dis que ça fonctionne, que c’est une fête populaire, que les gens sont contents. M’en voici presque heureux. Je continue. Je viens de passer trois heures à une terrasse sûrement trop bruyante, à 2 mètres d’une source musicale multi-générationnelle ; il fallait un peu crier. Ainsi pouvait-on rire, gentiment, de lui, dont l’obsession musculaire se limitait au haut du corps ou de l’autre, dont le cigare ne semblait qu’un accessoire de plus. Ainsi pouvait-on dire, tiens, lui…
Je continue, donc. Je pense au mot musique. Je vois bruit. Je ne comprends pas. Ou plus. J’ai 44 ans et une éducation, une évidence dans le vivre ensemble qui m’interdit de déranger autrui à 23 h passées. Alors j’arrive au numéro 16 rue T, monte les escaliers, me prépare de quoi grignoter un peu pour compléter les souriantes assiettes, monte d’un étage sans bruit ni lumière, ferme la fenêtre qui permettait ainsi d’offrir un peu de fraicheur, mets des bouchons dans mes oreilles. Silence. LE silence. Sauf le ronflement, un peu sourd, qui provient de moi-même. Et le goût du yuzu, subtil, du fromage blanc.