Il me raconte un peu son histoire. Pourquoi il est ici, ce qu’il va faire. Et ce que ça va changer, d’être ici. Loin des pays du Golfe où il a grandi, travaillé. Loin du Pakistan où il est né, puis retourné, et où les rencontres étaient cachées. Loin de la peur d’être soi-même. À la veille de la Marche des Fiertés, alors nous allons danser, j’ai soudain son âge, il a le regard du garçon aux yeux noirs, il a l’insouciance qu’il faudrait toujours avoir, la légèreté s’impose dans cette foule joyeuse. Sur un tabouret, il n’a sûrement pas remarqué l’homme seul qui a l’air triste.
Mais dans la nuit douce, le dernier tram envolé, avec ce besoin de me raconter combien ici il est heureux, il me dit qu’il doit mentir à sa mère. Il ne montre pas que ça le peine : l’essentiel c’est d’être là. Et d’être lui-même.