Vendredi 29 juin 2018

Il me raconte un peu son histoire. Pourquoi il est ici, ce qu’il va faire. Et ce que ça va changer, d’être ici. Loin des pays du Golfe où il a grandi, travaillé. Loin du Pakistan où il est né, puis retourné, et où les rencontres étaient cachées. Loin de la peur d’être soi-même. À la veille de la Marche des Fiertés, alors nous allons danser, j’ai soudain son âge, il a le regard du garçon aux yeux noirs, il a l’insouciance qu’il faudrait toujours avoir, la légèreté s’impose dans cette foule joyeuse. Sur un tabouret, il n’a sûrement pas remarqué l’homme seul qui a l’air triste.
Mais dans la nuit douce, le dernier tram envolé, avec ce besoin de me raconter combien ici il est heureux, il me dit qu’il doit mentir à sa mère. Il ne montre pas que ça le peine : l’essentiel c’est d’être là. Et d’être lui-même.