2008. Pour la première fois, je me rends à Lectoure, pour le festival de photographie. Fred et moi nous connaissons à peine ; Natt nous accompagne je crois. C’est l’année où la photographie fait, chez moi, un virage intérieur : je viens de confronter mes images au regard du spectateur. Mon travail est embryonnaire mais il y a déjà cette attention sur le cadrage, ce désir un peu prétentieux de regarder autre chose que ce que les autres voient.
2018. Les éditions du festival se sont succédé. Je n’oublie pas le travail de Nauzyciel. On se souvient d’éphémères tentatives en d’autres saisons. Les trois étés japonais ont vu passer mon absence.
C’est toujours un bonheur d’aller à Lectoure pour partager cela. Parce que ce groupe – à géométrie variable – d’amis virevoltants sur les idioties et dans la légèreté, a besoin de ce plongeon en images, avec l’espoir qu’il fera beau et que l’on profitera de la piscine municipale, eau bleue, herbe verte. Belle édition cette année, avec la collection pour sujet. Le festival dépasse depuis longtemps les limites de l’image fixe, alors nécessairement me déstabilise dans certains de ses recoins, peut-être la chaleur me fait-elle également perdre l’attention nécessaire. Et si je regrette une forte présence du noir et blanc, je reste ému devant (mon maître ?) Plossu et devant les images d’Arno Brignon ou d’Annabel Werbrouck, je cherche avec plaisir les articulations dans la collection de Madeleine Millot-Durrenberger, je regarde deux fois (sans rien savoir, puis avec les clefs nécessaires) le travail de Laurent Fiévet.
2018. En tant qu’acteur-spectateur, ce type d’événement balaye surtout les doutes quant à ma propre pratique (poursuivre ou pas ?) : la diversité des propos et des propositions titille mon besoin de continuer la photographie, d’interroger mes habitudes, de pousser mes images dans de nouveaux retranchements ou de plus vastes étendues. Regarder encore. Montrer encore. Travailler encore.