Le temps, lentement. Une table en extérieur, un tiers mouillé d’une pluie discrète, parce qu’à l’intérieur il fait trop chaud. Il me parle de ce garçon, il dit le Colombien, comme je dirai l’Américain à Nicolas avant d’ajouter son prénom, un joli prénom, court, rond. Il me dit qu’il va lui écrire une lettre. Tout le monde trouve que c’est une bonne idée, oh moi aussi bien sûr. Il me parle alors du livre de Gabriel Garcia Marquez, L’Amour au temps du choléra, me donne envie de le lire, peut-être que je dis quelque chose sur ce que je pourrai écrire sur l’amour.
Jamais le silence n’a trouvé une brèche pour s’installer, ni la veille dans l’aboutissement d’un bon vin, ni là, brunchant sur les voyages, son corps et la solitude, ni plus tard en sortant de la Cathédrale lorsque l’on parlera de mémoire, de séduction ou des cartes postales qu’il n’enverra pas. Jamais le silence, sauf parfois dans mes hésitations face à son accent, son articulation, lui faisant alors répéter. Jamais le silence, sauf finalement lorsque ses yeux clairs disparaissent à travers les vitres teintées du bus 1, direction l’aéroport.
Time, slowly. A table, outside, partly wet from a shy rain or a rainy shiness: it’s too warm inside. He talks about this guy, he calls him The Colombian, as I will write The American to Nicolas before precising his short, rounded, gentle name. He tells me he will write a letter to him : everybody says it’s a good idea, so do I, natürlisch. So then he describes this book by Gabriel Garcia Marquez, and I want to read it, but maybe instead I say something about what I could write about love.
Silence never crept in, neither in yesterday’s wine, neither in this morning, brunching about travels, bodies and solitude, nor later between memory, postcards and seduction. Silence never crept in, but we could feel its breathing while i was not sure what he was saying. Silence never crept in, until the bus number 1 took his bright eyes away.