Jeudi 25 octobre 2018

Soleil. 15h15. Terrasse. Le café n’est pas très bon. Il y a toujours ce livre entre mes mains et je ne sais toujours pas qui a tué Roland Barthes. Pour une fois, je prends le temps d’en lire quelques pages en dehors des transports en commun. Et puis il y a autour, et surtout en face de moi : la place Fernand Lafargue. La vieille dame qui nourrit les pigeons, les touristes gothiques qui la photographient, un homme brun et beau d’environ 1m65 en tenue de sport noire qui prend des notes et fait des pas de côtés dans ce qui ressemble aux premières esquisses d’une chorégraphie demandant quelques mètres carrés, un type genre zonard qui le regarde avec étonnement et alors moi qui ris. A ma droite, un couple de touristes parlant ce qui ressemble à du néerlandais, mais final c’est peut-être de l’allemand. J’ai rompu le rythme habituel par une après-midi ensoleillée loin d’un bureau trop froid. C’est bien. Je prends mon temps. Il fait malheureusement un peu trop chaud pour un 25 octobre, c’est effrayant, et plus tard j’irai m’inscrire à la salle de sport, acheter un pantalon de sport et des chaussettes de sport, il faut répéter ce mot, sport, pour bien s’en imprégner après 18 mois sans ce genre d’activité. Sur le chemin je tomberai sur R, en route vers son cours de français qu’il trouve un peu trop “pour les enfants” : né lusophone et parlant anglais, espagnol et allemand, ma langue, qu’il comprend et peut lire, n’est pour lui qu’une montagne de sons difficiles à reproduire, de prononciations à retenir, de combat contre les graphèmes et les phonèmes. Ainsi lutte-t-il, dans un délicieux accent brésilien qui me fait penser à P, contre ce “maintenant” qui s’impose en une sorte de “mèintena’nte” à l’anglaise. Avant de s’éloigner, il me dit qu’il va à Paris ce week-end : pour voter. Apprendre le français, c’est aussi pour ça : revenir au plus vite si le monstre revient là-bas.