“Bonsoir messieurs dames, contrôle des titres de transport s’il-vous-plait.” Je lis vaguement le Binet. De l’autre côté du couloir, il y a ce type barbu, jadis décoloré, déjà vu plusieurs fois – sans doute avons-nous les mêmes horaires, à supposer que j’aie des horaires fixes. En face de lui, la femme se lève pour valider et celle d’à-côté soupire, souriant malgré tout, puisque, comme elle l’expliquera au contrôleur, elle était descendu du tram précédent dans lequel ils étaient montés, puisque aussi c’est déjà lui qui la dernière fois l’a verbalisée, puisque la dernière fois déjà elle avait oublié son pass. Celle d’en face a droit à son amende, elle aussi, tout aussi calmement, mais plus salée. L’ambiance est légère, voire rieuse. Les verbalisées engagent la conversation, et le barbu parti, préviennent la trentenaire qui prend sa place, plus récemment décolorée et au superbe rouge à lèvres rouge vif, qu’elle devrait être vigilante : ici c’est le coin des prunes.