Vendredi 23 novembre 2018

« Tout ce qui ne contribue pas à mon édification : zéro ».

Henri Michaux, cité par Nicolas Bouvier

Deux étudiantes dans le tram. L’une a les lèvres très rouges, des lunettes très fines, une chevelure frisée. Elle parle de son copain, d’une anicroche, des doutes du garçon, qui finit par lui dire qu’il reste parce qu’il l’aime, peut-être au fond de lui n’est-ce pas si simple, elle est jeune, elle le croit, elle veut qu’il reste c’est évident, elle est si jolie qu’il doit être éperdument beau. Il l’a étreinte trop fortement peut-être après qu’il a dit qu’il restait, on sent une hésitation dans sa voix quand elle en parle, elle se dit peut-être que sa copine va y voir une vérité qu’elle-même n’ose pas prononcer. Qui trop étreint mal aime ? Mais l’autre l’arrête : Attends, il faut que je change ma musique. Alors elle sort son téléphone de sa poche de blouson, jette un œil, tapote ici ou là, et je regarde cette jeunesse, comme souvent, étonné qu’elles parviennent à communiquer ainsi filtrées par des décibels mélodieux. La musique adoucit les mœurs ; celle des copines aussi ?