Jeudi 3 janvier 2018

Le petit objet cubique de marque Sony, revenu de mon enfance en décembre, est définitivement une source de bonheur. Après la voix de Duras hier, nous voici à nouveau avec Laure Adler. Elle interviewe un réalisateur japonais et soudain nous propose un extrait du film. Donc, là, c’est en japonais. En japonais. Pas de traduction. Rien. C’est complètement fou, sûrement un peu idiot, mais c’est le cinéma à la radio. Elle revient, parle à nouveau du film, parfois c’est un peu naïf, elle le dit elle-même qu’elle pose des questions un peu bêtes. Et puis un deuxième extrait. J’attrape des mots. C’est un moment magnifique, là encore, juste ça, ces voix, et je me demande ce que je ressentirais si c’était en russe ou en swahili, sûrement une pointe d’agacement derrière la folie du geste radiophonique. Elle revient, comme si ce rien n’était. Et puis le troisième extrait. Cette fois je comprends, c’est un homme et une femme, ils se présentent l’un à l’autre.

Alors il y a un petite ellipse dans mon récit. Je suis dans le tram. La fille à côté de moi raconte comment elle s’est fait aborder dans la rue par un type essoufflé. Il l’a attrapée par le bras, il lui a dit : “Vous marchez trop vite mademoiselle.” Et puis il lui a dit qu’elle était jolie. Ils étaient gênés tous les deux, il y avait des blancs dans la conversation, il disait qu’il se trouvait bête, qu’il avait envie de lui parler mais qu’il ne savait pas quoi lui dire. Pourtant elle était pressée, elle allait s’acheter ce manteau avant que le magasin ferme. Elle lui a donné son numéro. C’est quand elle dit qu’il a 24 ans que je me tourne pour voir son visage.