Il me demande alors des noms. Je dis Guibert et Ernaux. Je dis le Guibert d’avant le SIDA et je dis la Ernaux de La Honte. Je dis ce qui les relie : la photographie. Ce qui les relie à moi : la photographie.
Il me demande des noms, des explications, il veut savoir, qui, quoi, comment, pourquoi, où. Ses questions sont pleines d’une douce curiosité. Et souvent je ris.
Il avait été la promesse – que je savais qu’il tiendrait – d’une fin de dimanche sans solitude. La solitude, cet état qui ne se définit pas uniquement par le faire d’être “un”, s’infiltre peut-être depuis quelques temps parce qu’il fait froid, s’infiltre malgré A hier, et malgré JLM plus tôt entre les pluies, c’était pour le plombier et la chasse d’eau qui fuit, mais JLM c’est toujours pour autre chose qu’il est là, on ne peut pas laisser longtemps de basses obligations de propriétaires-locataires entre nous, alors j’ai servi un thé, on a parlé de E parce que je suis un peu inquiet pour E, attentionné en tout cas et puis surpris aussi qu’il doive ainsi… bref.
La solitude de ce dimanche aurait dû être profitable pour l’écriture, hier soir je m’étais replongé dans le récit du Kenya, mais j’avais trop chipoté sur la première journée, avant qu’on arrive là-bas, ce récit sur lui, toi, lui, moi, nous, eux. Alors j’ai hésité, retouché, insisté, peut-être me suis-je enlisé entre les deux avions. Parfois, des envolées.