Tu es allongé sur mon canapé. Tu dors. La chemise que tu portes es très jolie, elle te va bien, avec cette multitude de zèbres minuscules, petits motifs à la ligne bleue.
Tipsy, comme tu dis toujours, peut-être parce qu’on n’a pas trouvé l’équivalent pétillant en français, tu avais franchi la porte une heure plus tôt, avec quelques gâteaux un peu broyés par le trajet ou le partage précédent. Tu étais gêné d’apporter ainsi des restes mais j’étais amusé, de leur état et de ta tentative de masquer leur désordre en les recoupant, donnant au tout un peu d’allure par ces petits morceaux. Tipsy, tu avais laissé aller cette fragilité qui demeure entre nous, tu avais formulé, de manière confuse, des éventualités, des rêves et des refus et puis ta peur ; parfois tu chuchotais comme si tu craignais que moi-même je t’entende, comme si tu parlais à toi-même, comme si l’autre t’écoutait, comme si tu ne voulais pas réveiller le bonheur possible qui somnolait, tout près de nous. Le cœur et la raison encore bataillaient en silence.
Tu es allongé sur mon canapé. J’ai enlevé tes chaussures, t’ai recouvert d’un kikoi, te regarde dormir. Tu ne m’as pas encore fixé, de cet œil qui exprimait tout, l’autre caché derrière ton bras, peut-être à demi fermé.