De qui Rachid Abdou avait-il l’air ? On ne sait pas trop. À la fin de l’histoire on n’aura vu qu’une seule photographie de lui, la reproduction de sa carte d’identité, un peu floue, mangée par deux œillets de métal et barrée des deux arcs du cercle d’un tampon illisible. Un visage étroit, des yeux très doux, rêveurs, étonnés, les lèvres fines ombrées d’une moustache à peine esquissée, le front très haut, le cheveu noir et cranté, impavide et absent. Non, peut-être pas de moustache.
::: Jean-Baptiste Harang ; Bordeaux-Vintimille
Et c’est soudain le hasard d’un nom, un autre Abdou, dont la maison vient de brûler, dans ce court-métrage, La Résidence Ylang Ylang. Si le film d’une vingtaine de minutes est regardé d’un œil distrait entre deux olives et une crème au chocolat, en revanche le livre m’a emporté, dévoré le matin dans ce tram, malgré cette femme qui parlait fort à son fils, son fils que ne disait rien, sa langue qui ne me parlait pas, puis clos le soir dans ce lit, avant de ne rien dire.