A me racontait combien, lorsque qu’il aime un livre, il n’en lit qu’une ou deux pages chaque jour. Peut-être qu’après il s’endort, parfois. J’étais plutôt surpris. Avais-je donc oublié que Marielle Macé m’accompagnait de la même manière en ce moment ? M’accompagnait à un rythme encore plus lent et à la fin du lundi, ainsi, je la lisais encore à haute voix. Parfois les mots dits s’empêtraient dans les ponctuations.
Au début du lundi, sur un réseau social bleu où le Sri Lanka mourait du silence étouffé pas les bruits que nous ne faisons pas, j’avais essayé de partager la musique du train : sur la vidéo, une image fixe de 49 minutes, résumait les quarante-huit heures que nous avions vécues. J’avais envie de dire sans dire, vous voyez ? Dire qu’on n’avait rien dit : ni oui ni nom.
Il n’est resté que la formule. Ni oui ni nom. J’avais aimé. C’était incompréhensible mais j’aimais alors cela. J’étais là, peut-être, dans mon petit coin, à lutter contre le monde actuel, celui trop compréhensible, rejoignant peut-être sans le vouloir les poètes évoqués par Macé, luttant autrement contre autre chose mais dans le même monde. À haute voix. Ou empêtrés.