Dimanche 30 juin 2019

Il y a cet équilibre à trouver dans l’espace et dans le temps. Il passe aussi pour moi par le besoin d’exprimer ce qui se passe et de comment cela se passe. Être loin, se voir peu, dans une alternance de tout et rien, voilà ce qui est, mais le rien n’est pas rien puisque nous sommes là, je veux dire que même loin, dans la non-présence physique, l’autre est là. Et ce n’est pas rien. Mais que faire des peaux ?

De ce que nous ressentons, toi, moi, de ce que nous sommes, toi, moi, ou ensemble, de ce que nous proposons, interrogeons, taisons, imaginons, évoquons, au détour d’un verbe, d’un adjectif, d’une traduction incertaine, de tout cela souvent nous rions. Je cherche ainsi à rire de moi, à te faire rire de moi puisque c’est cela que nous voulons, être légers et rieurs, ainsi toi-même tu oses proposer autre chose de nous, là allongés après le déjeuner sur ces matelas recouvert de matière plastique, et malgré tout j’en ris. Un rire teinté peut-être.

Là nous écoutons Bizet. Je n’avais jamais entendu la version italienne de cet air que j’aime tant, que j’aimerais tant pouvoir/savoir chanter, et que tu as choisi de me faire écouter. Je souris. La musique c’est aussi les peaux, ça passe par là, regarde mes bras frissonnent. Par où passent ces airs que je t’envoie, de ma voix hésitante et que tu dis aimer ? La musique c’est aussi les corps qui dansent, encore, décidément c’est tous les jours se dira le lecteur, ainsi nous tout à l’heure, Danze danze mit mihr, dans cette rue avant la Loire longée par ce chemin, avant les plantes, les orties, les chardons, avant l’espace rien que pour nous deux et cet horizon d’arbres.

Que dire encore de ce dimanche ? Oui dire les paysages, ceux d’Olivier Debré, et qu’alors tu parles du ciel et du regard qui s’envole au-delà des étendues rouges, bleues, jaunes. Dire les êtres de Fabien Mérelle, entre légèreté délicieuse et crayonnés acharnés donnant aux forêts et aux oiseaux qui s’envolent des contours inédits. Dire le livre sur les espaces et leurs usages au Japon, toi le tien, moi le mien, pour ne pas seulement partager un air de Bizet qu’on croit entendre encore.