Lundi 6 avril 2020

J et moi, ce sont parfois par des chansons que l’on s’interpelle. Souvent, il m’envoie des airs que je ne connais pas. Alors, tandis qu’au matin ce n’est pas pour lui que j’avais chanté, le soir, répondant à sa requête, je poussais la chansonnette. Que reste-t-il de nos amours ?, se demandait l’air. Ces lignes, peut-être, répondraient à la question de Trenet. C’est ici que parfois, je note ce qu’il en reste.
Il y a sûrement, je le sentais à l’automne 2017 lorsque nous évoquions cela avec J — un autre J — puisqu’il prenait lui-même des cours de chants, quelque chose qui ainsi sort aujourd’hui et qui, donc, avait besoin de sortir de moi. Pas par des actes, pas par des mots, écrits ici ou dits dans un regard appuyé ou enfui. Il y a sûrement, doucement, par une voix étonnamment peu limpide depuis quelques temps – si j’avais repris à fumer comme le confinement pourrait m’y pousser, j’y verrai une relation de cause à effet, mais non, alors le pollen peut-être, alors le confinement peut-être – quelque chose qui continue de sortir, comme une audace. Ne pas oser dire, écrire, chanter, c’est ne pas oser. 
C’est ainsi que c’est à J – encore un autre – que j’envoyais cette petite histoire d’un oiseau noir, chantant au fond de la nuit. Prends tes ailes cassées et apprends à voler, toute ta vie ; tu n’attendais que ce moment pour t’élever.