Alors tandis que je repasse des vêtements à manches longues en me demandant lequel je choisirai ce soir, et que j’écoute cette émission de radio nouvelle pour moi mais dont E m’avait parlé en me disant “Quoi tu n’écoutes pas ça toi ?“, il y a soudain cette version de Des ronds dans l’eau de Françoise Hardy chantée avec une pointe d’accent peut-être portugaise et en tout cas quelque chose qui roule. Françoise Hardy est encore là, ainsi elle revient de temps en temps, parfois de manière incongrue, mais n’ai-je pas déjà récemment dit ça ?
Cette chanson, un jour de printemps 2008, avait été la réponse de N à un post que j’avais diffusé, peut-être dans ce journal, peut-être sur le blog nommé Hot Dogme où je sévissais également. N répondait à la chanson La Question de cette même Françoise, chanson qui revient facilement quand on ne sait pas dire les mots et qu’on n’entend pas les réponses ou le sens de leur absence. “Et ton silence trouble mon silence.” dit-elle. Et surtout, dit-elle : “Je ne sais pas qui tu peux être, je ne sais pas qui tu espères.” puisque c’est ainsi que cela commence. Mais sait-on soi-même qui l’on peut être ? Sait-on soi-même qui l’on espère ? Ici, moi, aujourd’hui, non. J’aurais beau dire oui – en le croyant – non, n’y croyez pas.
Je ne sais pas non plus si j’ai l’impression que c’était hier ou il y a un siècle cette anecdote avec N du printemps 2008 : les romances qui n’existent pas, et puis celles après lesquelles on court, qui se heurtent au réel, ou qui se terminent sans savoir dire la fin, oui ces histoires sont encore d’actualités, ainsi c’était hier. Depuis, tant d’autres, de l’eau sous les ponts, huit ans partagés avec C, un ailleurs embrassés et des prénoms qui passent, ainsi un siècle.
Ensuite, tandis que je n’ai pas fini d’écouter cette émission, j’ai envie d’être dehors, pour prendre quelques couleurs peut-être un peu ; on prend ce que l’on peut. Je m’installe, ouvre le livre que je n’ai pas fini non plus, et les phrases sont d’une beauté telle que ça m’enveloppe comme le soleil et comme le silence enfin revenu ; les ouvriers du deuxième sont partis, ils ont tant braillés depuis ce matin dans leurs 65 mètres carrés vides. Je me dis alors, dans une formule un peu idiote, que c’est tellement calme que j’ai l’impression que le soleil est à moi. On prend ce que l’on peut.