Vendredi 18 septembre 2020

L’écrivaine dit le processus d’écrire et je comprends sa langue. Je comprends aussi qu’ici je suis à ma place, sur cette chaise rouge, l’écoutant. C’est un bonheur inégalable. J’enregistre, presque depuis le début, après que j’ai fouillé discrètement dans mon sac et que j’ai compris que la recherche d’un stylo et d’un carnet n’irait pas de soi ; j’ai peut-être laissé le carnet sur le canapé en vidant un peu mon sac. Quant au stylo, il doit, s’il est là, être enfoui sous le reste, dont un parapluie puisque l’on annonce un temps incertain, dont l’appareil photo bien sûr, dont des mouchoirs, une boîte de médicaments, un éventail, que sais-je encore, de la matière, de la matière à écriture.
L’expression me tend alors les bras : “vider son sac.” Elle est trop abrupte pour se rapporter à la réunion de l’après-midi mais elle laisse filtrer l’idée qu’il fallait y exprimer, mais y exprimer quoi ? Une liste donc, mais sans Prévert. Le moment à la librairie, là, en ce moment, à écouter Marie-Hélène Lafon, ne s’y rapporte pas plus, à cette réunion, sauf à questionner la place qui est la mienne et la poésie qui s’efface chaque jour durant le travail, aujourd’hui de 9h25 à 17h15 puisque je n’ai pas fait de vieux os : on annonçait un temps incertain et les heures – avant la pluie ? – s’étaient suffisamment accumulées la veille.

S aussi était là. Nous allions nous revoir.