Dimanche 4 octobre 2020

Faut-il donc que je ne dise pas ? Mais je dis, et je dirai encore, ici ou ailleurs, à qui ne veut pas le lire et à qui veut l’entendre, après une question posée dans la douceur et l’empathie, que tu n’as pas été qu’un passant et que, comme ceux qui s’arrêtent dans ma vie même le temps d’un sourire et d’une image qu’on gardera, même dans la folie douce d’un août ensoleillé, même dans l’amer d’un lendemain impossible, comme ceux qui sont importants parce qu’ils sont simplement importants, là, au moment où ils interviennent, tu l’as été. Plus que beaucoup d’autres. C’est comme ces Japonais qui, peut-être, auront préféré un cerisier plutôt qu’un autre un jour d’avril, et garderont le souvenir fugace d’une émotion, née d’une bourrasque ou d’un nuage au loin.
Alors, dans un excès de moi, dans cet excès qui surgit probablement plus quand on veut me faire taire que quand on veut me faire crier, c’est un impératif qui s’impose, et je dis “tais-toi”. Je réponds à la violence – toute relative mais ressentie, celle qui impose le silence et refuse l’envie de dire quelques gouttes de bonheur fugace – par une autre violence qui veut, en retour, faire tout autant taire. 
Je reviens alors, là, ce soir, un soir paisible d’appréciable solitude, sur cette idée du cerisier, dont les pétales s’envolent. Je pense au sens qu’il faut donner à l’éphémère. Aux fleurs qui mourront trop vite. Je comprends ça. Je comprends que c’est quelque chose comme ça.