Vendredi 15 janvier 2021

M.
Tu as préparé une liste. Tu le dis : “J’ai préparé une liste des choses dont je veux te parler, il y en a 7.” Alors après le déjeuner, tu me demandes un chiffre. Le 4, déjà évoqué. Puis un autre, etc. Je m’en amuse. Tu as ces drôles de manies, comme celle de chanter des phrases. Ce sont des phrases qui te plaisent, dis-tu. Elles ne sont rien, pourtant, que des petits bouts de rien. Elles rejoignent ce que l’on retrouve parmi les numéros, la joliesse de l’anodin, parfois né des accidents de la vie. Mais il y a aussi ta peur de devoir repartir.

D.
Je cherche toujours à te connaître. Alors je t’accompagne. Ainsi nous marchons, d’un point à l’autre, comme pour les mettre sur les i de cette histoire qui n’en est pas une. Mais c’est peut-être plus tard, tandis que l’on évoque les habitudes de l’un et de l’autre, que d’une certaine manière nos pas s’éloignent. Tu me rappelles L. Tu as peut-être quelque-chose de sa façon de parler, cette passion de l’histoire et là, sur mon canapé, ce même besoin d’allumer, sur le petit écran de ton téléphone, une chaîne d’informations en continu. L’absence d’un écran de télévision dans mon appartement revient dans plusieurs de tes phrases, et tu interroges également l’emplacement des meubles, le bazar sur celui de l’entrée et la cinquantaine de livres toujours pas rangés sur cette trop grande table. Peut-être écris-tu, dans ta tête, une liste : celle de nos différences. Il y aurait celles qui nous amusent, celles qui nous enrichissent, et celles qui nous séparent. Comme autant de livres.