Mercredi 20 janvier 2021

E est morte. Je ne sais ce qu’il faut en dire. Mais je ne vois pas comment le taire ici : on ne tait pas la mort. On la tait d’autant moins que nous l’avions évoquée, la mort, avec le Pr S, au téléphone, en début d’après-midi. C’était bref, il y avait eu d’autres sujets ; j’étais heureux. Je ne me sentais pas parfaitement à l’aise, mais j’étais heureux d’élever le niveau, au-dessus des copiés-collés qui contrôlent-v mon quotidien.

E est morte. J’avais au départ écrit quelque chose sur la solitude, la sienne. Dans un email que je m’étais envoyé alors que j’étais dans mon lit et que je jetais dans les phrases ce qui me passait par la tête à ce sujet, j’avais fait un parallèle maladroit avec la mienne. La sienne on la regardait de loin ; on ne dira ni pourquoi ni comment.

La dernière fois que je lui avais parlé au téléphone, j’ignore à quand cela remonte, elle m’avait dit qu’elle avait quelque chose pour moi, cette boîte remplie de fils de coton qui appartenait à ma grand-mère. Je ne sais à quel souvenir de moi elle liait l’idée que je tenais à cette boîte, et quoi qu’il en soit j’avais cette tasse verte ébréchée et ces serviettes que je lui avais offertes, cela me suffisait. Ici j’imagine ouvrir la boîte sur les couleurs et le toucher si doux des petites pelotes. Et cela me suffit.