Et c’est ainsi que l’on reparlerait de chaussures, de celles qui me ressemblent, de celles qui sont adaptées au climat bordelais, celles en croûte de maïs et caoutchouc recyclé qui voient leur rigidité mise à l’épreuve du quotidien, ou celles qui potentiellement pourraient faire prendre conscience aux voisins de l’étage inférieur que tout insonorisation à ses limites, s’il me venait par exemple à l’idée de prendre les claquettes pour passion et de praticoclapclapratiquer aux aurores tandis qu’ils dorment encore puisque à cinq heures ça bambochait. Discrètement, certes, mais pas assez.
Ou bien on parlerait de cinéma, on s’embarquerait ici dans un plan séquence en noir et blanc doré, on partirait là dans un amour impossible le temps d’un Week-end, amour impossible puisque l’autre va partir, et dans les deux cas ils seraient deux, unis ou éphémères, déchirés cependant, d’une manière ou d’une autre. Mais les films parlent aussi d’art. De ce qu’on met dans un film. De ce qu’on met dans des enregistrements. De la place de l’autre dans cet art. Il y a là tant de moi, présent ou passé, sur l’écran.
Ou bien on évoquerait le petit carnet bleu, habitude reprise pour contourner les silences et soulever cette main invisible que je mets sur mes mots comme si je la mettais sur ma bouche pour me taire ici, apaisé cependant, heureux en quelque sorte si l’on compare au mercredi soir rongé par la solitude et les contraintes (celles des horaires, celles des distances), et dont la noirceur poussera jusqu’au lendemain, quoi que noirceur dérangée par cette manière que j’ai de rire de moi-même et de libérer les mots pour passer au gris clair, au gris un peu rose, peut-être un peu grisé soi-même. Dans le petit carnet bleu format A5 aux lignes espacées de 6 mm, j’écris que je ne sais pas comment agir. Faut-il mettre ma main, et si oui, est-ce sur mes mots ?