Fallait-il que je te hurle pour t’expulser de moi ? Faut-il que les verbes, ici, soient excessifs pour formuler ce qui l’est aussi ?
Dire, c’est se libérer. Il y a dans cet espace une verbalisation libératoire, qui laisse une trace floue, l’idée d’un quelque chose, chez moi et chez le lecteur. Il y a évidemment une fragmentation de l’intime, un étalage de ce qui est en moi.
S’attacher à l’autre, est-ce avoir peur d’oublier ce qu’il a offert, parfois sans qu’il le sache ? Tu ne sais pas ce que tu m’offres, puisque je ne t’exprime pas tout. Tu sais que tu es quelque part, mais tu ne sais pas que tu es au-delà de tout dans ton regard, tes formes et tes couleurs. Je le dis aux autres mais pas à toi. Assis, là, après avoir déjeuné, tu me parles encore de vous, alors moi aussi je te parle de vous, et de moi qui vous regarde sans jamais l’avoir vu, et de ce que ça fait. Mais tu ne comprends pas : plus tard tu me fais une proposition qui me l’indique. Je dis d’abord non. Puis peut-être. Entre les deux il y a d’autres mots. Il y a la fatalité.
Et puis il y a M, J et N. Beaucoup M, il a sorti du porto, il était encore tôt, mais il le fallait. Et N. Nous ne nous sommes pas parlé depuis des semaines. Il me parle de C. Il me parle de moi, il me dit ce qu’il m’a déjà dit sur moi, c’est beau et simple comme il sait l’être, comme il l’est. Il me connait sûrement uniquement dans ce que je donne de meilleur. Ou dans la fatalité.