Sur France Culture, il y a alors ce documentaire sur le Sida. C’est une pièce de plus à ce puzzle : j’ai grandi en sachant que la mort existe. Je me souviens que le Sida avait été le sujet que j’avais eu à présenter devant la classe, probablement en quatrième. Je me souviens de quelques bribes : ça ne s’attrape pas par les moustiques ou en s’asseyant sur les toilettes, disaient les livres et avais-je répété. Le reste n’est plus dans ma mémoire ; les morts n’y sont pas. J’ai grandi avec la mort des enfants en Afrique, avec les images des camps de concentration du musée de Brive-la-Gaillarde – j’ai 12 ou 13 ans -, et surtout avec l’idée qu’on peut mourir comme ça, sans prévenir, comme mon grand-père, à 56 ans. Toute notre vie est un sursis permanent ; il me semble mon père a exprimé cela, un jour, après avoir dépassé l’âge de 56 ans, l’idée d’un sursis. Je l’ai peut-être inventé, mais… ça lui ressemble.
Il y a alors ce moment où je me déplace et où je nous regarde face à l’inéluctable, oui nous.