– Tu veux une autre crêpe ?
– Bôôôh…
Je dis un bôôôh qui veut dire je ne dis pas non, exactement comme mon père : même onomatopée, même ton de voix. Hier, j’avais évité de dire “T’es là ?” pour interpeler maman, comme il le faisait aussi, depuis sa pièce. Ce “T’es là ?“, je l’avais une fois crié doucement sans réfléchir, c’était en décembre je crois. J’avais alors été saisi par ce mimétisme fantômatique. Cette fois, après ce bôôôh, nous parlons brièvement de lui : tout comme hier, nous disons qu’il est encore là. Parfois, c’est la nuit qu’il est là : ce fut le cas au petit matin, tandis qu’il passait lentement, malade, en trainant des pieds, silhouette grise comme une ombre ; je me battais alors contre une montée des eaux dans la maison avant de me réveiller brusquement.
Plus tôt, nous étions allés “aux carrières” ; il y avait le danger que tout cela s’écroule au-dessus de nos têtes. Il y avait la mâchoire inférieure d’une biche au milieu de la végétation, nous avions ramassé un peu de bois. Et partagé autre chose.