Samedi 11 juin 2022

Ça commencerait par la fin, la fin de ce moment entre nous en attendant le prochain. Dans le hall de la gare Montparnasse – le réveil avait sonné bien tôt -, nous nous embrassons donc. Je pars rejoindre C au musée d’Orsay. Paris est ensoleillée, je la retrouve enfin. Petit à petit elle ne manque plus vraiment. Avec le temps, va, tout s’en va, chantait Ferré, c’est aussi vrai avec les villes alors ?

A Orsay on retrouve Sophie Calle. Il peut donc arriver qu’elle me déçoive. Peut-être que je suis arrivé au bout de quelque chose avec elle, peut-être qu’elle m’a assez donné de pistes sur ce que l’on peut faire de sa propre vie. Peut-être que cette fois-ci, il manque pour moi une pointe de douceur, une pointe de légèreté, une pointe d’humilité aussi. Cette fois-ci, et le prix du catalogue à 69 euros n’aide pas, elle ne me parle pas, ou du moins je n’ai pas envie d’entendre ça. Je n’avais surtout pas envie que quelqu’un d’autre parle avec elle, surtout pas envie de ces textes, là, apposés, vains, écrits d’une plume qui m’indiffère, qui ne me donne rien. J’exige trop ? Il y a pourtant dans la deuxième salle la beauté sombre des tableaux dans la nuit, surplombés – zut ! – d’une phrase inutile.

Puis Maillol – vite fait – puis Gaudi. Passée la claque de l’entrée de l’expo, il s’agit de se faufiler au milieu de la foule et des espaces trop étroits. On étouffe. L’art nouveau disparait petit à petit de ma vie, mon blog n’est plus là, mon investissement pour le Cercle Guimard non plus. Il s’agit de respirer.

Ce samedi parisien se poursuit avec C entre le café d’un palace et l’anguille d’un restaurant japonais, c’est apaisé, agréable, bien sûr on parle des amis, puis seul, une boutique tentatrice, des fripes, et puis Beaubourg, enfin.

Enfin parce que l’expo sur l’Allemagne des années 20 est d’une densité magistrale. On pourrait s’y épuiser puisque facilement je m’épuise dans ces expositions fleuves où mon esprit volage cherche des accroches et voudrait tout embrasser en un clin d’œil, comprendre tout de suite, savoir enfin, ne pas oublier. Le sixième étage de Beaubourg sait toujours – toujours ? N’ai-je pas le souvenir de moments aux foules extravagantes ? – utiliser les espaces et laisser de la place aux spectateurs. Cette fois-ci, on navigue, on peut se perdre, revenir, croiser.

Et puis on repartirait.