C’est alors qu’intervient, dans “Les Pays” de Marie-Hélène Lafon, roman qu’enfin je peux lire parce qu’il me fallait être là, peut-être, dans un autre pays, et parce qu’il me fallait du temps pour me plonger dans la densité lafonnienne, oui c’est alors qu’intervient ce bout de phrase : “les approximations dont il s’était toujours contenté.”
Je comprends alors que c’est cela, ce qui traîne dans ce livre que j’écris ou que, donc, je n’écris peut-être pas vraiment : mon contentement des approximations.
Ici, dans ce mois d’août, je cherche à le retrouver, ce livre. J’ai alors creusé ailleurs, dans ce que d’autres ont écrit. Je ne sais pas si j’y ai puisé des mots, de la fluidité, une prose, mais j’y ai trouvé des clefs, des clefs sur la vie de mon grand-père, des clefs sur ma présence ici.
Ici, dans ce mois d’août, je cherche à faire silence, pour ne pas épuiser mes mots. Pourtant il y a tant à dire. Il y a par exemple à dire que c’est aussi en lisant Marie-Hélène Lafon que je comprends que la quatrième partie du livre que j’écris est mal écrite. Rien de va. C’est nul. Poussif. Comme ce paragraphe. Ici j’écris cela car je dois me rappeler ce virage, ce moment de la prise de conscience, et me rappeler le lieu : la maison où un homme a écrit des livres.
Dix ans. Dix ans que ce livre avance, à petit pas. Parfois, durant des mois, il attend. C’est peut-être aussi un peu moi, qui l’attends.