C’est comme une montagne sur les épaules. Mais je tiens, j’y vais, au boulot, j’y vais. Je tiens, mais je prends mon téléphone, j’appelle en descendant du bus, c’est un matin d’été comme j’aime, il fait beau, le campus est vide, répondeur, c’est Claire qui m’avait donné son numéro il y a quelques semaines après la conférence sur le TDAH chez Mollat. C’est une voix assez haute sur le répondeur, qui traine un peu, je me dis qu’elle pourrait m’agacer, mais non, je laisse un message, je laisse un message sinon je n’avancerai pas. Elle rappelle un peu plus tard, je résume, c’est un pas gigantesque, on se verra lundi, 10h30, rue du Professeur Demons, je prononce démons, bien sûr. Des monts ?
La journée il y a toujours les montagnes ou l’avalanche, je creuse ou je déblaye, comme hier par-ci par-là je dis non, je me libère. Trois fois rien mais trois fois tout. J’en parle à des collègues, j’expulse. Chez le coiffeur aussi, j’enlève un poids, quelques grammes, Oliver m’écoute, je me demande s’il pense que je fais ma drama queen ou s’il comprend que je suis vraiment au bord de quelque chose. Le soir je n’écris pas. Je ne sais pas pourquoi je n’écris pas, ça, ce truc que je vis. Oui, même, je crois que le soir je ne fais rien. Neuf jours plus tard, je ne sais plus. Je ne sais pas pourquoi je ne sais plus. Je ne sais pas pourquoi je ne laisse plus de traces du présent quand bien même j’en ai envie. Je ne comprends pas exactement cette espèce de piège mental, peut-être résumé en quatre lettres, peut-être pas. C’est peut-être juste la flemme. C’est peut-être juste moi.