Une fois que je suis assis sur son joli canapé deux places en velours vert, une fois qu’elle même est assise en face de moi, un bloc-note de grand format entre les mains, elle ne dit rien, elle fait une espèce de geste de la tête qui doit vouloir dire “Alors dites-moi.”
Elle est psychologue clinicienne. Je l’ai appelée jeudi, c’est elle. C’est une première.
Je parle. C’est facile pour moi, de parler. Être clair, c’est autre chose, mais c’est un peu pour cela que je suis ici, pour cette confusion qui règne à l’intérieur, parfois.
Je parle du travail, de ma façon de travailler, de mes difficultés, des idées parasites, j’évoque aussi l’élargissement des sillons cérébelleux, le décès de Sandra, le mois de mai, Présence aussi je crois. Je crois. Deux jours plus tard, quand j’écris ces lignes, il y a des zones d’ombre, des zones floues. Je revois son visage, ses cheveux longs. Il y a cette voix aussi. J’ai aimé être surpris en arrivant à son cabinet, la cour intérieure est charmante, j’ai laissé échapper un petit “Oooh”.
Elle parle peu. Elle réagit une ou deux fois. Pose une ou deux questions. Je n’ai pas forcément la réponse. J’hésite. Oui. Non. Je ne sais pas.
On se reverra en septembre. Diagnostic.