Dimanche 29 décembre 2024

Tu ne sais pas ce qu’il faut croire dans mes mots et nos souvenirs. Sache pourtant que tu as tant été là, et que tu l’es encore. J’ai été surpris, je n’ai pas cru, j’ai voulu croire, j’ai vu les évidences et l’impossible, j’ai attendu, essayé, espéré, désiré, voulu, hésité, refusé de partir, eu peur, échoué, et tous les verbes du monde ne sauront exprimer ma confusion devant ta douce jeunesse, les années qui nous séparaient, mon visage refusé sur nos selfies souriants, ces rares moments ensemble, ta force, tes yeux, ton rire et le mien, cette inégalable complicité, nos solitudes, mon besoin d’être là pour toi, ces faiblesses en moi que personne n’a regardées comme toi et tout ce que j’oublie. Traversé par des mois inédits, j’ai finalement été un monstre qui cherche peut-être un chemin qui n’existe nulle part, qui ne sait pas dire, qui dit au mauvais moment, au mauvais endroit, de la mauvaise manière, sautant dans le vide avec la peur derrière et l’inconnu devant, croyant en un saut se sauver du tumulte. Je pleure encore parfois.

A partir d’aujourd’hui, ici, je ferai silence de nous. Je n’attendrai pas le 31 décembre pour regarder derrière, pour rappeler que mon année a commencé avec toi, à Marseille, dans une chambre d’hôtel aux draps blancs. Toujours les draps sont blancs dans les chambres d’hôtel. Combien en avons-nous froissés ? Toujours c’était des lits jumeaux, c’est ainsi qu’on dormait, à notre manière d’être ensemble mais pas ensemble. Toujours on les rapprochait. C’est dans une chambre d’hôtel qu’on s’est connus, à Lyon, en mai 2023. On s’attendait un peu, depuis des mois, on connaît la date précise. Toi et moi on la connaît, on se la rappelait. Si je l’oubliais j’en avais la trace. J’oublie. Trop. Tout. Même ce qui est important. Même ce que je veux garder en moi.

Mon année se termine sans toi, nulle part, aucun drap froissé, pas même les tiens roses. Nos corps séparés à cause de moi. Ce soir, après qu’on a échangé, après que tu as dit ta douleur de m’écrire et le besoin de faire signe, ce besoin qu’on partage pour dire qu’on pense à l’autre, j’ai dicté un texte, il y avait des mots que je ne t’ai jamais dits. Il y avait la mort, aussi.