Lundi 17 février 2025

Je suis seul. C’est l’heure du déjeuner, je suis allé tôt au restaurant universitaire. Je suis installé sur les tables hautes, près des baies, derrière moi les étudiants passent. Un œil dans mes emails personnels. Depuis plusieurs jours, j’attends la réponse, je vois l’intitulé du message, fébrile je clique, lecture diagonale, je vois « Delighted ». La joie m’envahit. Presque les larmes. J’appelle maman. Le Japon, maman, le Japon !

Et puis, travail, collègues. Je leur dis mes réveils, mes journées, l’épuisement, ça ronge parfois. Aujourd’hui par exemple. Ils sont là, ils m’écoutent, ce n’est pas toujours très cohérent, ce n’est pas toujours très facile d’écouter son corps de se rappeler. Ils sont à la fois mes collègues et ceux qui cherchent à m’aider, depuis un an bientôt, un an ! Mais depuis combien d’années je vis ainsi, les yeux presque paresseux, les paupières qui se ferment au cinéma, les matins embourbés sous les draps, les nuits suantes. Je raconte parfois que lycéen, je me recouchais avant d’aller au lycée, en courant bien sûr ; souvent j’étais en retard, on ne me disait rien, privilège.