Mardi 26 août 2025

J’écris. J’écris encore ce soir. J’écris cet objet qui attend, depuis l’été 2013.

Douze années perdues dans le temps, dans le Japon, dans le Chili, dans la vie, dans mon cerveau, mes peines, mes activités, mes difficultés, mes absurdités, un autre livre bien sûr, des expositions aussi, et puis la vie. Douze années perdues dans une question : suis-je capable de l’écrire, ce fichu livre ? Va-t-il, par endroits, rester aussi médiocre et indigeste ?

Depuis quelques jours, c’était mercredi je crois — le nouveau fichier s’appelle Antonio 20 août 2025 —, j’ai repris les rênes. J’ai décidé que ce n’était plus possible, que ça ne pouvait pas durer aussi longtemps. Il y a un an, j’avais dit ça aussi, « Ce n’est plus possible, ça ne peut pas durer aussi longtemps« , mais j’avais fait des recherches, ajouté des questions, trouvé des réponses et surtout un courrier écrit de la main de mon grand-père et une autre archive qui confirmaient que je n’aurais jamais dû naître. Il aurait dû partir au Mexique. Deux fois, il l’a demandé. La première fois, c’était à Argelès, camp n°3, l’hiver 1939. Vouloir vivre, ça s’appelle sans doute, quand on est indésirable.

La dernière fois, c’était en janvier, j’avais vaguement relu le texte, corrigé trois bricoles et puis plus rien. Sans doute un léger effet des pilules en losange. Depuis, rien, rien, rien, sauf quelques discussions avec ma mère, rien.

J’écris. J’écris encore ce soir.