Café Hashimoto. 4 clients. La grande table centrale est vide, il faut venir plus tôt pour écouter les hommes parler entre eux en lisant le journal. À côté de moi, deux femmes discutent. La soixantaine, vêtements noirs, mais l’une a des chaussettes en guipure blanche sous ses chaussures en vinyl et l’autre enfilera avant de partir un petit gilet sans manches, léger, blanc aussi. Elles boivent un thé, noir aussi, et la tranche de citron malmenée est posée sur la soucoupe de la tasse anglaise. Ce que je capte de leur conversation, au milieu de l’apprentissage de quelques kanjis, permet de réviser ses formules météorologiques (“il a l’air de faire chaud, dehors”) et capillaires lors d’une tirade où le non-verbal et les interjections de l’interlocutrice laissent à penser que la locutrice n’est pas très contente de son dernier passage chez le coiffeur – qui a tout de même dû lui prendre plusieurs milliers de yens et deux bonnes heures de son temps.
Quelques minutes plus tard, les femmes qui les remplacent sont d’une autre classe sociale, vêtements non coordonnés, coiffure désordonnée, teinture oubliée. Sans s’en plaindre.